L’OM no se va !

« A-ba-sour-di ». Tel Steve Mandanda face à un improbable ersatz néo-caennais d’André-Pierre Gignac, Vincent Labrune n’a rien pu faire faire pour sauver l’OM et empêcher le départ de Marcelo Bielsa…

Il faut dire que la « mandandite » aiguë semble être une constante chez le très délégué président olympien, qui n’avait rien pu faire, déjà, pour trancher le conflit opposant Didier Deschamps à José Anigo. Ni pour anticiper les évidentes failles du ticket formé par un coach fan de bonnets, mais notoirement limité, avec des recrues talentueuses et manifestement inexpérimentées. C’est terrible d’être abasourdi, vous ne trouvez pas ?

Heureusement, le maquignon momentanément préféré de Margarita l’impératrice sait aussi rendre les coups. Il faut simplement qu’ils portent sur sa personne et non sur le club qu’il est supposé représenter. Il sait esquiver, également. Comme ce fut le cas lors de ce fameux mercredi fatidique, où il devait sans doute participer aux championnats du monde de natation, ce qui explique qu’il ait laissé son coach psychorigide entre les pattes d’un type qu’il n’apprécie pas et celles d’un croque-mort qu’il n’avait jamais vu…

Une entrevue secondaire, certes, puisqu’elle portait non par sur l’avenir du joyau Doria, mais simplement sur la prolongation de deux ans d’un entraîneur presque unanimement adulé en son royaume, à tort ou à raison. Depuis la démission d’El Loco, ses fans dévoués et ses détracteurs patentés (ou l’inverse) se livrent une bataille enflammée par comptes Twitter interposés. Avec ce que la passion implique comme débordements de chaque côté.

Ce qui étonne le plus, en réalité, maintenant le premier choc passé, c’est justement qu’il y ait différents « côtés » : si le départ de Marcelo est un deuil, alors il pourrait ressouder ceux qui forment la famille des amoureux de l’OM. Les querelles de chapelles devraient être, pour nous tous, ce que les résultats sportifs sont à notre dandy chevelu, adepte du « franchement, on verra » : secondaires. D’autant qu’il est bien trop tôt et vain, pour ne pas dire Thauvin, de s’aventurer à reconstituer une histoire qui comporte, pour l’instant, davantage de trous que la lamentable pelouse du stade Vélodrome – en passe d’être changée – bien que Jean-Claude Gaudin n’ait pas posté ce week-end de réaction face à son état indigne.

Bourgeoisie contre noblesse

MLD vs Bielsa, c’est un peu Marie-Antoinette lost in translation

MLD vs Bielsa, c’est un peu « Marie-Antoinette lost in translation »

Un nom revient pourtant sur toutes les lèvres, la fin de « l’ère glaciaire » au Stade Vélodrome, celui d’un certain Igor Levine. Un juriste américano-russe sorti de nulle part pour le grand public, mais qui semble avoir depuis longtemps tracé son sillon dans l’ombre auprès de l’actionnaire. Exactement comme un certain Vincent Labrune.

Quelques jours avant de se faire débarquer de la présidence olympienne, Pape Diouf ne disait-il pas qu’il « venait du néant » ? Si la formule est d’un élitisme paradoxal pour quelqu’un dont les origines sociales ne le prédisposaient pas à la réussite qui fut la sienne, elle a le mérite d’illustrer une constante : l’entourage des Louis-Dreyfus ressemble a un panier de crabes amateurs de caviar. Comme dans toutes les tribus au fait de leur propre influence, les proches sont ici des courtisans. Et les hommes de confiance, souvent des intrigants.

Pour les « LD », posséder un club de football revient plus ou moins à entretenir un médiatique hochet. L’enthousiasme parfois effréné du jeune Kyril sur les réseaux sociaux en est une parfaite illustration. Depuis bientôt vingt ans, les supporteurs phocéens ont appris à leur dépens que les luttes d’influences dynastiques finissaient souvent par faire tanguer l’OM.

Le rachat du club en 1996, c’est un peu la rencontre du « milieu marseillais » et du « mélo de Zurich » Le premier est fameux, et pas toujours fantasmé, tandis que le second est aussi feutré que permanent. À l’origine du « Bielsagate », ce drôle de cocktail Molotov a refait des siennes.

Forcément, on s’est demandé si le désormais célèbre « Igor » n’était pas devenu le nouveau favori de la tsarine. Rien n’est jamais à exclure, bien sûr, mais à première vue, le problème se rapproche davantage d’une bête et méchante bataille d’ego entre bourgeoisie et noblesse. Car San Marcelo est lui aussi issu d’une famille de notables argentins très consciente de son rang, sauf qu’elle est sans doute plus portée sur l’exercice de l’État que sur les exercices comptables.

Alors qu’une nébuleuse d’experts autoproclamés s’agite depuis un an autour de la pseudo-folie bielsiste, la réalité semble moins alambiqumée, mais plus cruelle : le natif de Rosario n’a pas le sang bleu et blanc. C’est simplement un sang bleu qui exècre les faux-semblants.

L’Olympique de Marcelo

Le kit de survie indispensable pour regarder un monologue vidéo de Didier Roustan sur Bielsa

Le kit de survie indispensable pour regarder un monologue vidéo de Didier Roustan sur Bielsa

Tout le monde a voulu croire en lui. De la foi en bonne et due forme. Rien d’étonnant dans une ville qui vit son club comme une religion. La philosophie du bonhomme a permis de ranimer la flamme du spectacle et du foot sur le rectangle pas toujours vert du jardin local. Bielsa n’explique pourtant pas à lui seul la bielsamania.

Une grande partie de la foule aimait Bielsa, comme elle était prête à aimer n’importe quel autre bâtisseur sérieux avant même de le connaître. Au contraire de l’obsessionnel Argentin, qui connaissait l’OM avant même de l’aimer. Ce décalage ne cessera jamais de dominer l’aventure d’un « loco chez les fadas ».

La fin de l’idylle est la meilleure illustration de cette frustration : en pleine instance de départ, Marcelo met un point d’honneur à travailler sur la prochaine arrivée du néerlandais De Guzman. Néanmoins, il juge plus important de soigner une sortie en forme de leçon de morale que de ménager le club qui l’a accueilli et les supporters qui l’ont adoré.

Le technicien n’est assurément pas fou, mais clairement obsessionnel : son attitude traduit une forme d’égoïsme, qui pour être chevaleresque n’en reste pas moins condamnable.

Bien sûr, tout cela n’est pas une question d’argent, de téléphone ou de voiture de fonction. En revanche, c’est une question de contrôle parfois malsain. Bielsa se comporte autant en monarque capricieux dans les rapports humains qu’en ouvrier stakhanoviste dans son travail quotidien. Manque de chance pour l’OM, l’androgyne MLD a voulu jouer à « qui pisse le plus loin ». Et Marcelo a préféré marquer son cher territoire plutôt que l’histoire du club.

Demain c’est pas loin

Franck Passi, Laurent Spinosi, José Anigo et Christophe Manouvrier n’auraient pas quitté l’OM ainsi

Franck Passi, Laurent Spinosi, José Anigo et Christophe Manouvrier n’auraient pas quitté l’OM ainsi

En septembre 2014, sa mémorable colère ne portait ainsi, non pas sur une volonté de contrôler le mercato, mais sur le fait de ne rien se voir imposer par ses dirigeants, tant en matière de revirements budgétaires que d’exotisme brésilien. Quel que soit le prochain coach de l’OM, il devra accepter le même schéma. Ce qui finira toujours par créer des tensions, que l’on soit « loco » ou pas.

Tout n’est pas à jeter, cependant : sur le pré carré et en dehors, la révolution  structurelle annoncée s’est en partie déroulée. Même si l’on tique encore de croiser à la Commanderie certains visages que l’on aimerait oublier. Le projet sportif a été adoubé pas plus tard qu’à l’avant-veille de la première journée par l’ancien sélectionneur du Chili, qui peut mentir par omission, mais n’a pas l’habitude de dire des choses qu’il ne pense pas.

Rien n’empêche un entraîneur compétent de poursuivre l’appréciable chantier entamé. Encore faut-il pouvoir en dénicher un dans ce contexte ubuesque. Le club a fait savoir qu’il remettrait à disposition du futur élu les 375.000 euros bruts mensuels destinés à Bielsa et son staff pendant les deux prochaines années. Un bon coup de communication, mais, comme d’habitude avec Labrune, une mauvaise posture de négociation.

Si son ami Rodolphe Belmer a récemment été viré de la direction de Canal plus, il ne faut pas compter sur la chaîne cryptée pour souligner les approximations de ce que l’on doit apparemment appeler le « board de l’OM », conformément à une tradition d’intitulés ridicules. C’est que les consultants sont très occupés à faire du démissionnaire un mercenaire cupide ou à recommander le savoir-faire de Frédéric Antonetti. Une ficelle tellement grosse qu’elle a quoi laisser ceux qui aiment l’OM à nouveau « a-ba-sour-dis ». Pas trop longtemps malgré tout : on ne sait jamais, Franck Passi pourrait avoir l’idée de s’installer sur la durée…

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Article lu 4148 fois, écrit le par boodream Cet article a été posté dans Edito et taggé , , . Sauvegarder le lien.

2 Réponses pour L’OM no se va !

  1. avatar De G.bedecarrax le 25 août 2015 à 8h54

    Superbe article.

  2. AH si seulement j’avais 5% de ton talent d’écriture, je serai heureux.

    Super Travail Boodream.